Messire Jean, Saint Juste sonne à
ma porte…dois-je lui dire la vérité!!!
-Va t’excuser chez TITOU, c’est un homme bon et tu lui as manqué de respect en ne lui disant
pas bonjour avec tes copains la semaine dernière, tu
travaillera quelques jeudi chez lui pour te faire pardonner.
J’avais à peine 12 ans et je dois présenter à mes excuses, on ne plaisantait pas en 1960 sur la
politesse.
Je frappe à sa porte et sa femme la
grosse Léone avec sa barbichette et sa moustache m’ouvre elle est habillée de satin noir digne d’un film
d’épouvante, comme à son habitude son tablier est plein de sang et de poils de lapin, du haut
des trois marches de l’entrée elle me regarde avec un regard noir et glaçant.
-Tu veux quoi le mioche ici ce
n’est pas l’épicerie c’est en face.
-Bonjour m'dame je désire présenter mes excuses à
votre mari je ne l’ai pas salué et papa m’a demande de m’excuser et de
travailler en accord avec lui quelques jeudis. Il faut dire que chez la mégère
personne n’entre même pas le curé.
-Va sur la rue,il au sous-sol. L’homme m’accueille
chaleureusement, je déballe mes excuses, il soude devant moi avec grande
dextérité un manchon en zinc sur un bout de gouttière avec un métal argenté
brillant ; je reste en admiration
devant son ouvrage.
Dans le village les gens disent lui
c’est un brave homme, la Léone le tient à la baguette…cette mégère avait en
effet mauvaise réputation de donneuse de leçons mais pas prêteuse même pas pour
un sous le prix d’un carambar, à cette époque cela lui aurait donné des vapeurs de donner comme
le disait la boulangère du coin de la rue; ses descendants étaient
très hautains et distants, des petits dieux dans le village je n’étais que
tache à leurs yeux…pas de bonjour eux...des biens nés comme ont disait à cette époque…ils suivaient de grandes études…
Donc me voici chez plombier zingueur, il m’apprend
la soudure du zinc avec de l’étain, la découpe de ce métal luisant et un tas
d’astuces, quelques coupures et brulures marquent encore mes mains, j’étais
heureux et fier d’apprendre aussi la soudure sur plomb, ce fut tout de même
plus difficile, savoir caresser le plomb est tout un art.
Prison de résistants à VOVES ou Père a passé quelques temps |
Souvent TITOU me disait que des personnes avaient dormi dans sa cave pendant la guerre mais sa femme ne le voulait pas en parler, elle lui disait de se taire.
Il s’apprête à sortir prépare son sac spécial
plombier un sac en forme de demi rond tout en cuir.
-Je peux t’accompagner sur le
chantier ?
-Non mon gars! reste
là ! Le toit ce n’est pas de ton âge. Le chantier n’était pourtant pas
loin « au rendez-vous des chasseurs » un petit penchant vers le zinc
du bistro, fallait bien l’arroser de temps en temps sans que la mégère le sache.
-Fait le ménage dans l’atelier, étrange
endroit cette cave surbaissée au plafond des IPN en fer rouillés et des
voutains en briques au plâtre. Il fallait descendre quelques marches sur le
trottoir pour y avoir accès, un adulte ne pouvait s’y tenir debout il devait plier
dos et jambes.
Un rangement d’outils, un coup de
balai de bouleau et une remise en place de quelques feuilles de zinc bien coupantes;
dans la foulée je mélange les feuilles de zinc de 12 et de 14 dixième, une
erreur qui allait me couter cher.
Il
faut dire quelles étaient
rangées sur une table différente des autres, empilées les unes sur les
autres
le plafond lui étant à peine à 1.70 cela ne me gênait pas à mon age, le
sol était noir et brillant comme des paillettes, juste à coté il y avait
la réserve de charbon d’anthracite livré par le charbonnier du village,
ce
n’était pas des boulets reconstitués comme à la maison.
J’étais intrigué et attiré par
certaines feuilles soudées entres elles sur la gauche au fond de la cave… Plusieurs feuilles à déplacer et à glisser sur le
rail voisin, ma curiosité me guide à continuer mon inspection…
La dernière feuille soulevée m’apparait
un tapis de soleil tout jaune en y regardant de plus près je comprends que c’est
de l’or en barre du jamais vu, il y en avait des dizaines de lingots certains d’un kilo
d’autres plus lourds que je n’ai pu soulever; quel plaisir au toucher ce
métal…des noms et chiffres et Noms étaient gravés dessus au couteau et à la peinture rouge… je me souviens de KOUTAS! ALEX! ROSEN! LEVY! FENIGSTEIN ! et d'autres Noms Gargenvillois?????????
La Léonie la peste même descend à
ce moment à la cave sans bruit et me dit :
-que fais-tu là morveux tout seul ou est ce fainéant de TITOU!!!
Je me rappelle avoir franchi le
seuil de la porte de cette cave et rentré directement chez moi…quelle peur
j’avais eu là…une ogresse cette bonne femme…
Le lendemain je me confie à Père…
-Oublie ce passage cela ne te
regarde pas …
Je me rappelle une discussion avec la VIOLETTE notre boulangère décédée comme tout les gens de cette époque, elle en savait des choses sur le quartier et des bistros de
la rue des questions fusaient…comment ont-ils fait pour être si riche après la
guerre? Je n’ai jamais rien dit à ce jour mais là…ces Justes brillantinés
de mon village me font vomir et le passé ressurgit en moi…
Parait-il…qu’ils
ont "sauvé" des
Juifs pendant la guerre...qu’ils ont vécu un temps en reclus à cette cave à
rats, qu'ils ont été déplacé pendant la guerre de leur plein gré???je n’en dirais pas
plus…l'écœurement me noue la gorge…lorsque père est parti là-bas, il m’a
expliqué les histoires
villageoises, "tu trouvera fils quelques écrits sous mon bureau"…et maintenant qu'ils ont leur place sur la ville à leurs Noms...qu'ils soient en sainteté....
Prions pour la paix de leur âme...
Prions pour la paix de leur âme...
Voilà…je me sens mieux
maintenant…
JP CHEREL
JP CHEREL
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