La dernière guerre 1939/1944
Georges CHEREL
Nom "Chevalier"
L’évasion de Georges Cherel
le 9 novembre 1943.
VOVES Eure et Loire (28)
Camp de prisonniers gardé par des policiers et anciens militaires français
Personne ne connaissait mon mode d’évasion pendant 60 ans.
J’ai froid dans cette baraque je n’arrive pas à dormir ce soir, tu parles toi plus 50 Gus dans un baraquement prévu pour 35 internés.
J’écris une lettre au Directeur du camp en lui précisant :
Demain je m’évade, je le remercie de son attachement à ma personne et des conditions d’internement, recevez, Monsieur, mes salutations.
Je glisse ce courrier dans le cahier de compte du
chef des popotes, il le trouvera au matin.
Ce document figure aux archives départementales Eure et Loir
Ce document figure aux archives départementales Eure et Loir
81 évasions dans ce camp de concentration
Le 9 janvier 1943, 10 internés sortent par la porte du camp, déguisés en gendarmes et les gendarmes les vrais sont obligés de lancer des avis de recherches.
D’autres évasions ont eu lieu dans ce camp.
La plus célèbre d’entre elle le 19 février 1944 par un film La Grande Évasion un tunnel de 148ml et plus de 42 évadés avec Steve Mc Queen acteur Américain.
Film tourné en 1963
Le camp de Voves est liquidé 72 heures avant le
débarquement en Normandie.
Le 9 mai 1944 un train composé de wagons à bestiaux s’arrête en bordure
du camp ou ce matin- là, subsistent 407 internés.
Après un regroupement de divers camps ils sont
dirigés vers Buchenwald.
Ils y arrivent le 24 mai 1944.
Ils seront enregistrés dans la série des matricules
de 30000 à 32200.
Voilà le camp de Voves est nettoyé………
J’ai mal au ventre, le repas de midi me reste sur
l’estomac rien que d’y penser soupe de rutabaga et choux un seul repas par jour la
moyenne de viande 2 grammes os compris par semaine.
Quand je pense que la nourriture arrive et repart devant le camp, marché noir oblige.
Quand je pense que la nourriture arrive et repart devant le camp, marché noir oblige.
Ma Pauline doit me transmettre les données codées de
l’évasion, j’attends sa lettre elle n'arrivera
que le lendemain de mon départ.
Mon groupe de résistance de Mantes a prévu un vélo
caché dans une ferme abandonnée sur la route.
intérieur d’un baraquement
Les départs pour l’Allemagne se précipitent trop
rapidement des bruits circulent de bouche à bouche.
Je n’ai rien à perdre à ce moment là, bientôt nous
serons tous déportés vers un camp dont personne ne revient Mauthausen ou
Châteaubriant, torturés fusillés ou exécutés et sur décision du préfet de Vichy
de façon très poétique comme il l’écrit :
Pris en charge par les autorités
d’occupation ou sorti-le…suivi d’une date de départ.
Un camp de concentration en plein dans la plaine de
Beauce l’occupant a besoin d’otages, on y sera classé répertoriés pour être
engloutis et oubliés plus de traces.
Le centre de séjour surveillé portera plus tard le
N°15.
L’antichambre des camps de la mort convient mieux.
emplacement des cuisines
Certains prisonniers bénéficieront d’une libération sans
connaître la raison de cette grâce inattendue ils ne furent pas nombreux.
Je peaufine une évasion depuis le premier jour.
Ne parle à personne par habitude je suis à ma
quatrième évasion: il me reste peu de force cette fois
30 kg perdu depuis mon arrivée il y a quatre mois.
J’ai vu partir plusieurs convois en direction de
Auschwitz par wagons à bestiaux il est vrai que : résistants,
communistes ou juifs sont à éliminer ordre du Fureur.
A putain de France occupée et nous sommes gardés par
des Français de Pétain.
La direction du camp est
assurée par un ancien militaire, secondé par des inspecteurs de polices qui
eux-mêmes aidés de gardes civils avec une administration civile de gens du coin
et en plus un détachement de gendarmerie assure la garde, le tout supervisé par
le préfet de l'Eure et Loir et autorités d’occupation.
Wagon ayant servi pour le
transport de prisonniers vers leurs exterminations
Entrée du camp de Voves
Préparation de mon évasion
Ce matin, lors de l'appel est demandé un cuisinier, je lève la main par chance me voilà à la cantine des gardes chiourmes français.
Ce matin, lors de l'appel est demandé un cuisinier, je lève la main par chance me voilà à la cantine des gardes chiourmes français.
Je deviens exemplaire au service de mes geôliers, préparation de la popote, ils
me considèrent digne de confiance avec un excellent esprit. Je leur présente avec le sourire ma soupe bien parfumée avec par propre urine, même qu'ils me
complimentent ce soir là.
Entre deux je passe un séjour à l’hôpital de
Chartres sans pouvoir m'évader trop cerné et surtout fatigué, rien de bien méchant en apparence depuis un passage à Château-Brillant, cet endroit de torture ou l'on cause entre copains... (Georges le paiera plus tard en fin de vie en
1979)...
Dans ma cuisine je reprends force et courage étant affaibli par malnutrition et emprisonnements répétés, à la libération je ne pèse que 48 kilos pour 1.87.
Des potes crèvent de maladies
aucun soin ni médicament ne parvient aux internés ou si peu dans les colis de la famille visités par les gardiens.
Certains dépriment leurs femmes écrivent que c’est fini entre eux, qu'elles ne peuvent attendre leur retour ayant des enfants à nourrir.
D’autres apprennent le décès d’un
proche ou bien que la famille n’a plus à manger et leur femme demande
s’il peut envoyer un colis pour les
aider?
Le jour J.
Il est 19 heures, je sors un cageot
sous le bras.
Un garde civil m’interpelle : Ou
vas-tu !
Je vais au réfectoire chercher quelques restes pour la soupe de demain.
Cinq minutes plus tard je reviens et lui
précise, les gendarmes n’ont
pas terminé leur repas, je reviendrai un peu plus tard.
Caché dans un coin, je
surveille le garde, en guettant l'arrivé du camion de ravitaillement
celui-ci a du retard ce soir, çà commence mal.
Enfin il s'absente aux toilettes quelques instants.
Je me glisse dans le camion de
ravitaillement stationné à l’arrière des popotes et je me roule dans la bâche
servant en cas d’intempéries. Il démarre enfin, s’arrête à l’entrée du camp pour
contrôle puis doucement roule en direction du centre ville.
Ouf !
Je respire attendant le moment de sortir de ma
cachette, enfin il ralentit et à l’intersection je saute du camion. Il fait nuit noire, je me perds dans la rue et reviens sur mes pas, avec l'angoisse de tomber sur une patrouille.
Je prends la direction de la ferme indiquée ou ce trouve un
vélo mis à ma disposition par mon groupe de résistance, une marche de nuit. Mes pieds sont gelés sur ces chemins caillouteux.
Enfin la grange indiquée, j’y pénètre pas de vélo!
j’apprendrais plus tard que celui-ci à servi à un autre évadé, je peste et
décide de dormir dans la paille jusqu’au soir suivant afin de reprendre des forces.
Un bruit me réveille une poule passe tant pis pour
elle, ripaille un œuf dans ses entrailles je le gobe et mange cru le chapelet d’œufs,
je vomis plus l’habitude d’un tel repas.
Je sais cela peu vous choquer mais la faim m’a fait
manger pire au camp, il n’y avait plus d’herbe à grignoter sous nos pied qu'un sol détrempé de la Beauce profonde, je mangeais des verres de terre après avoir frappé le sol des pieds, l’on pouvait
les attraper facilement et prendre quelques protéines. Les gardes français s’amusaient de notre étrange repas.
Un moulin à vent apparaît au loin je m’y dirige tout
semble calme, je frappe personne ne me répond,
je pénètre sur la table un reste de miche de pain et fromage que j’entame
goulûment, je lève la tète
et aperçois une femme armé d'un fusil pointé vers moi.
Qui es-tu ?
Je suis un évadé du camp de Voves, je lui montre mon costume trop grand pour moi emprunté à la lingerie.
Ouvre le placard tu trouveras les
affaires de mon homme parti à la guerre ils ne lui serviront plus le pauvre ils
l’ont crevé le premier jour, lave-toi, rase-toi, prend la nourriture que tu as
besoin dans le garde-manger, prend ses papiers et l’argent dans la boite qui se
trouve dans la maie, disparaît vite, tu me fais peur
Je la remercie en m’exécutant et en lui
précisant : Je prends aussi le vélo.
Voyage vers Gargenville
Pédaler en vélo de femme me rend heureux à cet
instant mon esprit va vers Ma Pauline je désire la serrer dans mes bras
aurais-je bientôt cette chance le jour se lève, il fait froid, mais il ne pleut
pas quel bonheur cet instant de liberté.
Je m’installe au comptoir d’un bistrot et commande un verre de lait, j’avoue la
surprise du patron il me regarde et me dit :
Mon gars
tu viens de loin je te l’offre.
J’ai un fils prisonnier à Voves, je n’ai pas de
nouvelles depuis longtemps.
Tu viens d’où mon gars !
Je lui
présente un laisser passer du camp en lui précisant que je ne connais pas son gamin,
désolé.
(A l’atelier j’ai fabriqué un laissé-passé
dans un bouchon de liège imitant le cachet de sortie du camp).
Je me rends compte que je dois
me méfier de tout.
Je repars tranquillement me promettant de ne plus
m’arrêter en route et de ne voyager que la nuit.
A l’entrée de
Moutier je tombe nez à nez sur un contrôle de police. Je ne peux faire demi-tour calmement je tends les
papiers empruntés au moulin.
Ou vas-tu Meunier.
Je vais à la Mairie de Chartres voir s'il y a du blé
cette semaine.
Lui : Ce n’est pas la route.
Je vais saluer ma vieille tante malade à Mérouville.
Circule mon gars et bonne chance, tu as un
contrôle à hauteur de Chartres un prisonnier s’est évadé fait attention.
Merci. Une chance ce policier avait compris ma situation.
Je ne regrette pas au camp d’avoir pratiqué la
gymnastique volontaire cela me permet de pédaler aisément sans trop de fatigue.
J’approche de mon village et décide de me cacher au
bois de Montalet le long de la gare entre Issou, Porcheville et Gargenville, là où se trouve
actuellement la raffinerie ELF, j’espère que ma cache est toujours là. Je suis fourbu. Je termine la miche de pain de cette brave femme,
j'espère la remercier un jour.
Pauline pleure en me voyant,
rentre vite des policiers sont passés ce matin ils te recherchent.
Je leur ai dit que tu étais en prison à Voves.
Tu t’es évadé comme convenu, as-tu reçu ma
lettre ! La journée se passe gentiment en explications.
Je vais quelques temps chez Tonton Jean Cherel à Goupillères (78), rejoins-moi dimanche.
Maison de l’Oncle Jean
Cherel à Goupillères 2001
Reste cette nuit part demain je prépare tes affaires. D’accord personne ne m’a vu, je suis tranquille.
Je m’allonge quand, j’entends frapper à la porte :
Georges, je sais que tu es là, sauve toi je
reviendrai demain avec mes collèges, viens chez moi si tu ne sais pas ou aller. Salut.
Sacré Charles il est drôle me cacher chez un flic
pourquoi pas après tout. Il est venu de d’Epône/Mézières me prévenir, il
repassera à 6 heures, je serai déjà loin.
Il y a une taupe dans le groupe de résistance de
Mantes, en passant j’ai déposé un papier chez Racaud à Mantes par lequel j’étais de retour.
Je dois me méfier maintenant je n’irai plus à leur réunion pendant un temps.
Me voilà de nouveau à vélo en direction de
Goupillères.
Arrivé au contour du bois d’enfer j’aperçois la
maison de Tonton Jean, un mirador en
plein dans son jardin. J’observe les mouvements le va et vient, plusieurs
allemands circulent l’un d'eux scrute la
plaine avec ses jumelles.
Je vais devoir attendre le moment pour aller chez lui,
en chemin, je l’aperçois arrivant de son travail de cantonnier municipal.
Que fais-tu là malheureux tu
ne peux pas venir à la maison elle est occupée par trois allemands et nous
habitons dans la bergerie part loin mon gars nous avons déjà tes trois cousines!
Je partirai Tonton
laisse moi me reposer Pauline m’apportera des affaires dont j’ai besoin.
Je t’en prie si tu te fais arrêter chez moi nous serons tous emprisonnés, part, ils ne plaisantent pas ces gens.
Après un long silence il ajoute:
glisse jusqu’à la grange, Janine te
portera à manger en allant donner à manger au chien.
Il ne me reste plus qu’à obéir à l’Oncle Jean et
attendre caché que ma cousine m’apporte une soupe poulet pommes de terre l"excédent des boches de midi.
Pauline arrive deux jours plus tard et accompagne Jeanine
à ses taches habituelles, la grange est pleine de foin pour nous cacher.
Que faisons-nous maintenant
?
J’ai réfléchi toute la nuit, je part pour La Rochelle chez les cousins, l'histoire de m'échapper du secteur.
Je regarde le ciel ce soir les étoiles semblent se rapprocher l’une
vers l’autre. J’ai l’impression de voler à leur coté, sont-elles le
prolongement de chaque être. Toi le docteur Recher mon ami est-tu là où là
en ce moment.
Je me sens las de cette guerre il y a des bruits de ferme, je n’arrive pas à dormir et cette saleté de paille me pique. Les boches eux dorment dans la maison de Tonton tranquille du moins
je le souhaite.
Nous organisons avec tonton ce départ pour la
Rochelle afin d’être oublié. Moi à vélo dans la nuit, Pauline elle me rejoindra un peu plus tard.
Je reprends mon métier de maçon,
une dénonciation d'une de mes cousines et me voici de nouveau arrêté et envoyé à la Prison de La Rochelle.
Tète de pierre du pays en calcaire "La torture du Noyer"
JP CHEREL
Merci...
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