samedi 24 juillet 2021

Perron garni "une équipe pour vous" avec quelques fines fleurs...

Perron garni "une équipe pour vous" avec quelques fines fleurs...

 

L'histoire peu glorieuse des élus depuis le 10 septembre 2004 permettant la réalisation de la

"cité aux 1000 logements" et plus

 Et ce n'est pas fini???

Ceci contraire à notre ancien Maire André SAMITIER, une époque tranquille de plus de 33 ans.

Les élus reprenant le mandat en cours, adjoints et conseillers en 2005 appliquent le contraire de la politique menée jusqu'alors en votant "la concertation" de Nicole DELPEUCH approuvé par l'opposition menée par Jean LEMAIRE ...un comble???

Certains se trouvent encore dans la liste actuelle depuis 2020... 

"classe de Sages pour le bien de la ville"...

En 2010 les mèmes on recommence et en boucle ou presque avec un petit nouveau conseiller, notre Maire actuel

Yann PERRON

 

...

Madame le Maire Nicole Delpeuch disait...elle disait!!!

NON il n'y aura pas

 700 appartements

de qui se moquait-elle à cette époque...des GARGENVILLOIS (ES)...peut-être???

les accolades de la belle époque en 2010 avec Mantes la Jolie et ses anciens Maires...

 
Mme Delpeuch et les amitiés avec Raphaël COGNET UMP avec les promesses d'un petit ponpont et le plouc mémorable électoral du Maire en signe d'avertissement avec un nouvel avenir!!!...
 
 
Puis ce fut le tour d'un autre Maire qui est passé trop rapidement 2008/2010, une période très noire pour Gargenville pire que le syphilis... parait que c'était une rivalité de médecins.
"une faiblesse" 
dont à évidement profité l'opposition du moment.
 
 
Puis il y a eu la peste ou le choléra sur Gargenvillis... 
un certain Jean LEMAIRE qui a débité du

 "RESTONS VILLAGE" 

et ce en boucle s'il vous plait, on y a cru vraiment, ce qui devait être un plus pour la ville est devenu un calvaire par le renoncement  des engagements pris avec la population en 2014???...

POURQUOI? lui seul en a peut-être la réponse!!!
 
Le résultat s'est ressentie aux dernières élection municipales la porte lui fut royalement ouverte lui qui souhaitait un deuxième mandat pour conclure sa politique destructive de vente des biens de la commune au plus donnant.
 
 
Et maintenant nous attendons le petit dernier avec en prévision 1500 logements pour 2025 ce avec la covid 19.

Cela laisse craindre des craintes dans le temps.
 
J'espère qu'il saura prendre les bonnes décisions et devenir l'enfant sage du village que nous attendons tous.
 
"le sauveur de notre tranquillité" 
 
bon c'est mal parti pour le moment car 20 jours après sa mandature il accepte un permis de 22 appartements sociaux en centre ville projet de Jean LEMAIRE!!! 
Comprendre qui pourra...
Ce n'est pas moi c'est le GPSO qui nous l'impose?
 
......................................................................................
 
Une complicité tacite entre les Maires ou d'ignorance de tous ces élus depuis une génération rien de favorable à nous les Villageois... 
Nos votes n'ont servi à rien, la manœuvre et le contrôle de la ville se fait par accommodation avec le grand patron de Mantes la Jolie qui le rend bien à ces proches en leur offrant un métier respectable.
 
C'est une mise à mort de l'ancien village...
 
Merci à eux..
  
UN VIEUX DU VILLAGE
JP CHEREL
 



dimanche 11 juillet 2021

GARGENVILLE la cave d' Alexis

GARGENVILLE 

la cave d'Alexis 

 

Bien jeune j'étais dans les années 1971 et commençait ma vie d’artisan en maçonnerie.

 

Un client cher à papa me demanda si je pouvais redresser la gouttière de la grange située à coté de la maison comprenant le magasin de vêtements rue Lucie Desnos. Un rendez-vous fut pris et Alexis me demanda d'estimer le coût de la réparation, me vint à l'esprit les paroles de mon père ayant lui aussi travaillé chez le tailleur malin.

« Mon fils si tu travailles pour l'ami Rozen demande le double, il te saignera même il te demandera d’arrondir à la fin de chantier», fort de ce conseil je lui annonce timidement le double de la somme soit 80 000 anciens francs-800 francs soit environ 120 euros.

« Fais-moi un prix », après palabre nous nous mettons d’accord pour 100 euros, je te paierai quand le travail sera fini comme avec ton père, le travail suivit rapidement et me voilà quelques jours plus tard avec ma facture comprenant la TVA de l’époque.

Et là commence une étrange affaire de grip sous.

« Je te paie en espèce, enlève la TVA et accorde-moi une remise» il posa sur la table billets d'une valeur de 80 euros; mon père avait bien raison malin cet homme là.

Mais l'histoire ne s’arrêta pas là lors d'autres menus travaux, il me soumit un marché de dupe…

« Dans ma cave si tu trouve ma cache, l’argent est à toi autrement ce sera pour ta poche ».

Quelle erreur de sa part, je sorti mon flair de jeune goupil connaissant parfaitement les lieux.

Depuis longtemps j’avais repéré une bizarrerie mais travaillant dans beaucoup de propriété je m'interdisais de regarder l'intérieur privé des clients, je fais semblant de chercher dans chaque recoin puis je me dirige dans la petite cave à cépage pleine de litrons vides, elle lui servait entre autre d’entrepôt bigarré voir un vrai bazar, et là il y avait un robinet d’eau en laiton scellé dans le mur.

« Je lui dis fièrement c'est là » et le personnage resta pétrifié du genre effrayé...il tira de sa poche quelques billets d’une valeur de 100 euros qui sentaient le renfermé et me dit « comment tu as su ».

« Monsieur Alexis un robinet sans arrivée d’eau et que du sable sec sous la grille ce n’est pas courant »...

Il me raccompagna pour la première fois jusqu'à l'extérieur.

« Tu connais depuis longtemps ma cachette! »

« Dès que j'ai travaillé pour vous, il me fallait bien de l'eau pour mon mortier et un robinet scellé dans le mur sans tuyau ce n’est pas courant Monsieur Alexis»...

Voila…de cette période c’est installée une confiance entre nous, mais il a toujours discuté les factures, je garde un bon souvenir de cet homme qui a accompagné ma vie professionnelle.

Je lui ai construit un peu plus tard sa maison près de la gare et le marché a continué entre nous dans un grand respect puis la vie est passée naturellement sur nos générations respectives.

Merci à lui il m’a donné leçon du commerce et peut-être ma vie professionnelle a t'elle été transformée. 

 










 JP CHEREL

jeudi 8 juillet 2021

L’arpète et le trousse-couilles


L’arpète et le trousse-couilles

La petite histoire se déroule en 1960 à cette période le code du travail comportait 10hs par jour plus le samedi matin.
Je n’étais qu’un jeune garçon sans grande expérience de la vie et encore moins de la profession que je m’apprêtais épouser ma vie durant.
Mon papa homme du bâtiment avec sa tenue de travail de couleur bleue, représentant la corporation de Maçon avec le dimanche une cotte neuve cravate et veste de costume par-dessus.
Les jours de mes 12 ans il me demande ce que je veux faire plus tard, je lui réponds comme toi Papa, il fut certainement flatté de la réponse mais aucune réaction de sa part.
Cette scène se déroule à la banque Populaire de Mantes la Jolie, il désirait confier mon éducation à l’agence connaissant le responsable il souhaitant plus tard me voir à un poste honorable dans cet institut bancaire comme il disait.
Je me souviens de la tète du responsable il en est resté béat, il insista mais je lui répétais les mêmes propos.

Voilà le début de mon apprentissage d’écolier arpète du bâtiment.
Robert Testaud à cette époque était mon Maître d'apprentissage. C’était un homme de caractère 1.85ml plutôt belle gueule de titi parisien.
Sa tenue vestimentaire rappelait celle de mon Père mais tout de blanc représentant les plâtriers avec une casquette, un mouchoir à petits carreaux autour du cou et de gros sabots en bois qu'il portait pendant son travail.
Son air de parisien demandait le respect, indépendant l’homme communiquait peu avec les autres employés de l’entreprise, mon Père le laissait souvent seul à cause de son mauvais caractère.
Et me voilà tout frais ce lundi matin dans le moule d’arpète plâtrier sans expérience.
Il me regarde d’un air hautain.
Un bonjour timide s’échappe de ma bouche, l’homme s’en alla pisser dehors sans un mot.
A la première gâchée, je le regarde travailler ne sachant que faire que dire, il me pousse plusieurs fois je le dérange dans son travail et ses habitudes.
Cette scène se prolonge plusieurs jours, j’essaie de lui préparer les seaux d’eau de lui apporter le sac de plâtre que je traîne sur l’échafaudage.
Sacré sac plus lourd que moi je remplis le tonneau d’eau en permanence sans rechigner.
J’éprouve une certaine fierté à le servir.
Il ne parle toujours pas.
Là commence l’épisode que je ne suis pas près d’oublier.
Le sol de l’échaudage glisse, je comprends ses sabots de bois et la paille qu’il change chaque semaine.
J’essaie au mieux de lui nettoyer ses outils sa truelle ,son auge, sa bertlet, ses règles en bois à chacune des gâchées et là catastrophe la fameuse bertlet casse.
A cet instant il m’agrippe, je décolle du plancher sans comprendre et me voilà le cul dans l’auge pleine de plâtre en préparation.
Il rentre dans une humeur massacrante et blessante en paroles, aucun mot ne sort de ma bouche.
La journée se passe mal je suis trempé et plein de plâtre de la tète au pied.
Je rentre à la maison la journée s’est bien passé me demande maman !
Bien Maman.
Le père rentre tard à son habitude soit d’une réunion municipale ou du travail. Il ne me demande rien et ne lui dit mot.
Le lendemain je me lève tôt et déjeune rapidement je profite de mon avance pour regarder si je ne trouve pas dans le garage de père  un outil semblable, ma recherche reste vaine, je comprends que cet outil est exclusif à la profession.
Je me promets de lui en acheter un outil avec mes économies.
J’irai à Mantes rue Porte aux Saints chez Tabu le spécialiste de l'outillage.
La journée passe rien ne change nettoyage et approvisionnement ouf! La semaine se termine.
Le lundi suivant, je lui apporte la fameuse bertlet toute neuve il me regarde et la jette dans le seau d’eau sans un mot.
Je sens son regard pesant sur moi, la journée se déroule sans le moindre mot à son habitude.
Je me change vite fait après le travail et là il me dit: Je t’emmène arroser ça et nous voilà partis en vélo en direction de Gargenville, sur la route de Meulan, pas fière le gars tout sourire, je pédale en vélo derrière lui.
Il s’arrête devant un bar et me dit pose ton cycle, nous allons saluer ces dames au « Tout Va Bien ».
Je le regarde sans comprendre son regard devient lumineux je me sens aux anges avec l’impression d’avoir gagné la confiance de Robert.
Je compris plus tard la situation grotesque dont j’étais le fruit.
Il s’installe au bar et commande une bière, la patronne me demande :
Tu veux une limonade mon garçon !
Je lui réponds un "oui"de plaisir.
Qu’elle poitrine des seins splendides, j’étais rouge comme une pivoine.
Elle se mit à rire d’un éclat de chacal.
Robert lui susurre quelques mots dans l’oreille je comprends qu’il se connaisse.
Elle appelle une servante celle-ci apparaît d’une pièce située à l’arrière du bar se pose derrière bar.
Robert se dirige vers la pièce vide et disparaît avec la patronne et ne revint que plus tard.
Je déguste avec plaisir ma limonade.
La femme me dit, quel age as-tu !
Moi tout fier 15 ans Madame.
Tu reviendras plus tard me dit-elle, tu es trop jeune.
Que d’interrogations dans ma tète ?
Enfin Robert apparaît l’air satisfait.
Paie mon gars nous allons partir maintenant.
Je sors de l’argent de ma bourse, elle me le prend me dit :
C’est bon pour cette fois mais n’y revient pas à ce prix.
Ma première paie complète y est passée ce jour-là.
La semaine suivant il se mit à me parler :
Tu veux apprendre le métier gars comme ton Père :
Oui.
Cela te plait :
Oui.
Bien alors je vais faire de toi le meilleur des plâtriers.
Ce jour là il m’expliqua le maniement des outils et le nom.
Il m’apprend à gâcher de plâtre.
Tu vas ne préparer qu’un sac de plâtre dans l’auge et l’employer seul.
Peste-me voilà à l’ouvrage.
4 seaux d’eau et un sac de plâtre.
Doucement mon gars tu vas faire des grumeaux il me prend les mains et m’aide à déverser la plâtre en secouant mes poignets.
Il se pose sur l’échafaudage et se mis à rouler une cigarette de tabac papier mais.
La première fois et la dernière fois que je le vois assis.
Laisse reposer 5 minutes.
Maintenant tu prends le trousse-couilles et tu remue bien pendant longues cinq minutes.
Un drôle d’outils en forme de râteau, environ un mètre cinquante de long avec du fil et du fer galvanisé au bout afin de battre le plâtre.
Plus vite mon gars me cria t-il, trop mou dès que tu vois l’écume en surface tu t'arrête.
Je m’exécute et là je comprends que ma position n’est pas la bonne.
Il me dit écarte les jambes, dépêche-toi le plâtre prend.
Je commence pour la première à suer de mon travail et apprécie cette ivresse m’envahissant.
Ça va mon gars me dit-il d’un air malin.
Tu as compris la bonne position:
Moi oui, mais un peu honteux et rouge de plaisir, je compris enfin le nom donné à l’outil.
Bien maintenant emploie ton plâtre prend mes outils.
Une poêle énorme je prends la plus grande et essaie de jeter le plâtre sur le mur tout tombe par terre.
Continue ne t’arrête pas.
Le plâtre s’épaissit et se solidifie dans l’auge dans l’auge en bois je transpire.
Arrête, tu as compris maintenant, il va te falloir du temps pour apprendre.
Nettoie les outils la prochaine je gâche avec toi.
Là commence ma vie de plâtrier, j’essayais d’aller de plus en plus vite dans mon travail
Lui :
Nous avons fait quatre-vingt mètres aujourd’hui.
Je suis fier de moi mais ma désillusion arriva rapidement.
La paie tombe chaque semaine, je gagne 8 centimes d’euros en tant qu’apprenti.
Et là papa donne à Robert une somme d’argent en espèce en lui disant voilà ta prime de rendement.
Pas un regard envers moi ne fut porté par mes Pères, j’entends encore mon père dire :
Ça va le fils !
Et lui : tu sais, il apprend mais il n’est pas doué ton garçon.
Quelle claque ?
Rentré la maison, je demandai à mon père de me changer d’équipe.
Il ne me pose pas de question et le lundi suivant, me voilà dans une équipe de Maçon.
De vrais Maçons des durs, des alcoolos et là je vais en chier pendant la fin de mon stage de deux années.
Entre deux j’apprends le décès de Testaud mon Maitre... trop bu parait-il...
Après le travail je prends les cours du soir afin d’obtenir un CAP de Maçon que je  réussis du premier coup.

Il  avait un fameux chef Maurice Lorgnette un alcoolique, mais le record était tenu par Gaston Marie le douze trous eh! Oui 12 litres dans la journée de travail et déjà le matin avant le travail et après il écumait les bistros il avait sa dose vers 11hs.
J’ai vu Papa lui couper le lobe de l’oreille...Monsieur nous faisant sa crise d’épilepsie.
Drôle d’ambiance.

Mais le pire le jeune Alain du bled d’à côté tout frais arrivé en même temps que moi comme apprenti poussé par son futur Beau-Père le fameux Maurice qui se faisait appeler Roland allez savoir...
Celui-ci en à fait un alcoolique renommé le pauvre il en est mort à 35ans.

Le jeune que j’étais à cette époque a changé rapidement.
Je deviens rapidement chef d’équipe et conducteur de travaux.
Ma vengeance professionnelle allait pouvoir commencer.
Malheureusement Père tombe malade, sale maladie due à des tortures de guerre.
Il me demande de reprendre le flambeau plutôt que prévu.
Je lui propose de ne pas reprendre ce personnel alcoolique ma seule condition.
Refus de sa part.
Tu dois les accepter tel quel qu’ainsi que le matériel.
J’accepte à contre cœur.
A 18 ans me voilà à la tète d’une entreprise de maçonnerie.
dans l’année qui suivi j’avais viré tout le personnel là fut ma petite vengeance.

Parfois je n'ai rien a faire d'autre alors j'écris...

JP CHEREL

 

lundi 5 juillet 2021

Le massacre d'Oran, oublié de centaines d'Européens d'Algérie

LE FIGARO

5 juillet 1962

Le massacre d'Oran, oublié de centaines d'Européens d'Algérie

Le temps n'est-il pas enfin venu de rendre témoignage à la vérité ?

Ancien officier, Jean Tenneroni a été conseiller technique du ministre de la défense (2000-2001) et référent ministériel déontologue du ministère des armées (2016-2021). Il est Français d'Algérie, fils, petit-fils et arrière-petit-fils de Français d'Algérie.

Le 5 juillet 1962, la ville d'Oran n'est plus « la Radieuse » que le général de Gaulle saluait quatre ans auparavant lors de son retour au pouvoir. Presque les deux tiers de ses 220.000 habitants européens ont déjà quitté une ville sinistrée et coupée en deux depuis la montée aux extrêmes dans la lutte entre l'OAS et le FLN. Ils redoutent aussi la brutalité des méthodes du commandant du corps d'armée, le général Joseph Katz, qui est en lien avec les représentants du FLN depuis les accords d'Evian, et qui a soumis à une violente répression la population pied-noir soupçonnée d'entre en collusion avec l'OAS. Les familles s'entassent à l'aéroport de la Sénia ou dans la zone portuaire, dans une situation de grande précarité humanitaire, sans que Paris ne mette en place des moyens supplémentaires de rapatriement.

Les autorités françaises, relayées par les haut-parleurs de véhicules militaires, et les autorités algériennes tentent de rassurer les Européens qui restent, parfois les plus vulnérables, sur leur sécurité et celle de leurs biens, «garanties par les accords d'Evian». Les attentats ont aussi pris fin depuis une semaine avec l'embarquement des derniers groupes de l'OAS vers l'Espagne.

En ce jour de l'indépendance officielle, une foule en liesse venue en masse des quartiers périphériques musulmans se dirige vers les quartiers européens. Un peu avant midi, retentissent des coups de feu non identifiés qui déclenchent dans différents endroits, au cri de «c'est l'OAS», les premières tueries de Français par de nombreux manifestants armés, ralliés de la dernière heure, avec la complicité active des «ATO» (auxiliaires temporaires occasionnels), policiers peu formés du FLN, tandis que des tirs visent les sentinelles françaises en faction.

Durant plusieurs heures, les Français sont pourchassés dans les rues, les boutiques, les restaurants, les églises, les hôpitaux, jusqu'à chez eux pour être mitraillés, lynchés, mutilés, brûlés vifs, égorgés ou raflés selon le cas. Les casernes de l'armée française, en général, ne leur offrent pas refuge et les forces militaires françaises, soit 18.000 hommes, restent l'arme au pied sur ordre du général Katz. Les cadavres ramassés dans la rue, souvent mutilés au point de ne pouvoir être identifiés, remplissent rapidement les morgues, tandis que les comptes rendus s'accumulent sur le bureau des autorités militaires.

Parmi ceux qui sont enlevés, de tout âge, les plus chanceux sont conduits vers le commissariat central [qui relevait désormais des autorités algériennes, NDLR], lieu d'internement, où ils sont malmenés. D'autres sont acheminés par véhicules vers des lieux d'exécution, où ils seront livrés aux atrocités d'une foule ivre de sang, avant que leurs corps soient ensevelis discrètement - comme sur la rive nord-ouest du Petit-Lac dans une dizaine de fosses creusées au bulldozer, ainsi que l'attestent des photographies aériennes militaires.

Au cours de cette effroyable journée, nombre de personnes seront aussi sauvées par des musulmans qui les connaissent, intervenant à leurs risques et périls pour les faire libérer ou les cacher.

Quelques jours après, des «bandes mafieuses» arrêtées seront présentées comme les coupables à la presse par les autorités algériennes. Au-delà de la dimension aveugle et spontanée d'une vengeance collective exercée sur des boucs-émissaires, que l'on peut expliquer en partie par la violence de l'activisme de l'OAS à Oran, on ne saurait écarter les signes d'une préméditation et d'une forme certaine d'organisation: mises en garde, la veille, d'Européens par des amis ou des employés musulmans, manifestants armés obéissant à des mots d'ordre, logistique de ramassage-exécution, attaque d'envergure de la gare défendue par la 3e compagnie du 8e RIMA visant à s'emparer des voyageurs réfugiés.

Certains historiens ont ainsi échafaudé l'hypothèse d'une implication du «groupe d'Oujda» (Ben Bella, Boumediene) du fait de sa proximité spatio-temporelle, des tensions qui l'opposaient au le GPRA à Alger. Ce groupe, favorable à l'éviction complète de la minorité européenne, aurait été, selon cette hypothèse, l'initiateur discret de cette manifestation, destinée à montrer l'incapacité des nouvelles autorités à exercer le maintien de l'ordre dans l'Algérie indépendante.

Alors que ce massacre avait été connu dès l'après-midi du 5 juillet en France puisque Pierre de Bénouville y fit allusion sur les bancs de l'Assemblée nationale («au moment où̀, de nouveau, le sang coule à Oran…»), la presse en parla peu et le minimisa, à l'exception de Paris-Match qui publia un reportage poignant. Les familles, soutenues par des associations, durent attendre plus de quarante ans pour prendre connaissance d'informations sur leurs disparus contenues notamment dans les archives du Quai d'Orsay.

Les zones d'ombre de ce trou noir historique ont pu néanmoins être dissipées, par la prise en compte de témoignages (avec entre autres L'agonie d'Oran de Geneviève de Ternant) et le travail d'analyse historique, comme le montre le professeur Guy Pervillé dans Leçon d'histoire sur un massacre. À partir de l'ouverture des archives, Jean Monneret (La tragédie dissimulée) ou le général Faivre (Les Archives inédites de la politique algérienne) ont pu reconstituer le déroulé du 5 juillet et démonter point par point les nombreuses contrevérités avancées par Joseph Katz (L'honneur d'un général) à la fois sur ses ordres donnés et sur la réalité de ses capacités de communication et d'informations.

Jean-Jacques Jordi a pu chiffrer à sept cents morts et disparus le bilan de cette journée dans son ouvrage au titre évocateur, Un silence d'État.

Les faits concernant le massacre d'Oran sont donc assez documentés pour être reconnus par la France, sans nécessiter la mise en en place d'une commission mixte franco-algérienne d'historiens sur le sujet comme le propose le récent rapport de Benjamin Stora, hormis si les autorités algériennes consentent à s'associer à ce travail de mémoire, notamment pour localiser l'emplacement des dépouilles.

Ce carnage continue à interpeller sur les raisons d'un silence aussi assourdissant, qui sans minimiser la responsabilité des tueurs algériens, oblige d'abord à reconnaître l'inaction volontaire et organisée des forces armées françaises, qui sont restées calfeutrées dans leurs casernes alors qu'elles étaient capables d'empêcher ou de réduire considérablement le massacre.

En effet les quelques officiers, tels le capitaine Croguennec du 2e zouaves et le lieutenant Rabah Khellif de la 403e unité de la force locale, qui prirent l'initiative, au risque de leur vie et de sanctions disciplinaires, de sortir de leur caserne et de porter secours aux victimes, purent, de par leur seule autorité, faire libérer et sauver des centaines de vies. En suivant leur conscience, ces figures de lumière, dans une journée de ténèbres pour l'armée française, ont moins désobéi à un ordre qu'ils ont refusé d'exécuter cet ordre manifestement illégal de passivité.

Cet ordre, comme celui qu'il donna de renvoyer les civils qui avaient pu se réfugier dans des cantonnements militaires, va beaucoup plus loin dans l'attentisme que les directives prises par le commandement durant les derniers mois d'engagement. À la demande expresse du Général de Gaulle (Général Faivre, Les archives inédites de la politique algérienne 1958-1962) celles-ci visaient déjà progressivement à proscrire les possibilités d'intervention dites d'initiative des forces de troisième catégorie.

Les commandements donnés le 5 juillet correspondent pleinement à l'état d'esprit du président de la République qui ne voulait plus intervenir pour protéger les Français après l'indépendance comme le lui fait dire dans ses mémoires Pierre Pflimlin («Les Français n'auront qu'à se débrouiller avec ce gouvernement.») ou Alain Peyrefitte dans C'était de Gaulle («La France ne doit avoir aucune responsabilité dans le maintien de l'ordre…Si les gens s'entre-massacrent, ce sera l'affaire des nouvelles autorités.»).

En fait, on ne peut exclure, sans pouvoir le prouver, que, compte tenu du contexte, des personnalités en jeu et des ordres donnés, le général Katz ait reçu directement l'ordre de ne pas bouger du chef des armées, Charles de Gaulle.

En fin d'après-midi, alors qu'à Paris se tient la réunion du comité des affaires algériennes présidée par le chef de l'État, le commandement militaire demande enfin aux gendarmes mobiles de patrouiller dans les quartiers européens. Entre-temps, les capitales internationales, vraisemblablement alertées par leur marine de guerre en Méditerranée qui ont reçu des SOS, insistent auprès de Paris pour savoir ce qui se passe à Oran.

Ce massacre unilatéral et de proximité, selon la typologie du spécialiste Jacques Sémelin, comparable en cruautés à ce que d'autres Français subirent lors des « Vêpres siciliennes » au Moyen-Âge (1282), ne se serait jamais produit, ou du moins pas dans les mêmes proportions si, durant cette phase transitoire d'accession à l'indépendance, les forces militaires françaises à Oran, comme toute autre armée, avaient rempli leur mission de protection, qui est l'une de leurs raisons d'être, prévue par l'ordonnance du 7 janvier 1959: «la défense a pour objet d'assurer en tout temps, en toutes circonstances et contre toutes les formes d'agression... la vie de la population». Cela fait partie des intérêts vitaux que de protéger sa population et ses ressortissants à l'étranger, comme les armées démontrèrent qu'elles savaient toujours le faire seize ans après lors de l'opération Bonite à Kolweizi 1978.

D'autres arguments juridiques tels que la notion pénale d'assistance à personne en danger, le contenu des accords d'Évian, la jurisprudence sur le crime contre l'humanité ne font que conforter cette exigence d'intervention de sauvegarde de civils en détresse. À l'évidence, une non-intervention est aussi contraire aux traditions militaires, aux principes éthiques liés à l'état de militaire et à l'honneur des armées.

Une plainte pour complicité de crime de guerre et obéissance à des ordres criminels fut déposée en 1999 au nom des familles de victimes contre Joseph Katz qui avait été promu au plus haut grade de l'armée française (général d'armée) et était devenu conseiller général UDR. Il décéda avant la procédure d'appel et fut inhumé à l'étranger, en Espagne.

Après la tuerie de la rue d'Isly du 26 mars 1962 de dizaines de manifestants français sans armes par une troupe de tirailleurs et avant les ordres de ne pas rapatrier des milliers de harkis voués à la mort, le massacre d'Oran constitue l'un des trois actes d'une tragédie où des populations fidèles à la France ont été sacrifiées par un gouvernement uniquement soucieux de se désengager brusquement et totalement en rendant plus ou moins complice l'armée qui jusqu'ici les protégeait.

«Le silence demeure une faute impardonnable… Le «massacre oublié» ne peut plus, désormais, être oublié» écrivait Philippe Labro, à la fin de la préface du remarquable livre éponyme que consacra il y a neuf ans Guillaume Zeller à la terrible journée du 5 juillet 1962 à Oran. Force est de constater qu'il l'est encore, malgré la diffusion en 2018 sur France 3 d'un édifiant et émouvant documentaire Oran, le massacre oublié de Georges-Marc Benamou et de Jean-Charles Deniau et de propositions de loi visant à le faire reconnaître.

En comparaison de la «responsabilité accablante», dont a cru devoir parler le chef de l'État dans son discours du 27 mai 2021 à Kigali à propos du génocide des Tutsis, celle de l'État français concernant ce crime de masse à Oran n'est-elle pas écrasante, puisqu'un seul ordre à nos unités y aurait mis fin ?

Presque soixante ans et sept chefs d'État après, ce silence public, comblé seulement par une méritoire initiative mémorielle d'un « mur des disparus » à Perpignan, reste une offense permanente faite à la mémoire de ces innocents martyrisés et une blessure ouverte pour les leurs, laissant une sombre tache sur notre république et notre armée.

Le temps n'est-il pas enfin venu de rendre témoignage à la vérité ?

 

 


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