jeudi 8 juillet 2021

L’arpète et le trousse-couilles


L’arpète et le trousse-couilles

La petite histoire se déroule en 1960 à cette période le code du travail comportait 10hs par jour plus le samedi matin.
Je n’étais qu’un jeune garçon sans grande expérience de la vie et encore moins de la profession que je m’apprêtais épouser ma vie durant.
Mon papa homme du bâtiment avec sa tenue de travail de couleur bleue, représentant la corporation de Maçon avec le dimanche une cotte neuve cravate et veste de costume par-dessus.
Les jours de mes 12 ans il me demande ce que je veux faire plus tard, je lui réponds comme toi Papa, il fut certainement flatté de la réponse mais aucune réaction de sa part.
Cette scène se déroule à la banque Populaire de Mantes la Jolie, il désirait confier mon éducation à l’agence connaissant le responsable il souhaitant plus tard me voir à un poste honorable dans cet institut bancaire comme il disait.
Je me souviens de la tète du responsable il en est resté béat, il insista mais je lui répétais les mêmes propos.

Voilà le début de mon apprentissage d’écolier arpète du bâtiment.
Robert Testaud à cette époque était mon Maître d'apprentissage. C’était un homme de caractère 1.85ml plutôt belle gueule de titi parisien.
Sa tenue vestimentaire rappelait celle de mon Père mais tout de blanc représentant les plâtriers avec une casquette, un mouchoir à petits carreaux autour du cou et de gros sabots en bois qu'il portait pendant son travail.
Son air de parisien demandait le respect, indépendant l’homme communiquait peu avec les autres employés de l’entreprise, mon Père le laissait souvent seul à cause de son mauvais caractère.
Et me voilà tout frais ce lundi matin dans le moule d’arpète plâtrier sans expérience.
Il me regarde d’un air hautain.
Un bonjour timide s’échappe de ma bouche, l’homme s’en alla pisser dehors sans un mot.
A la première gâchée, je le regarde travailler ne sachant que faire que dire, il me pousse plusieurs fois je le dérange dans son travail et ses habitudes.
Cette scène se prolonge plusieurs jours, j’essaie de lui préparer les seaux d’eau de lui apporter le sac de plâtre que je traîne sur l’échafaudage.
Sacré sac plus lourd que moi je remplis le tonneau d’eau en permanence sans rechigner.
J’éprouve une certaine fierté à le servir.
Il ne parle toujours pas.
Là commence l’épisode que je ne suis pas près d’oublier.
Le sol de l’échaudage glisse, je comprends ses sabots de bois et la paille qu’il change chaque semaine.
J’essaie au mieux de lui nettoyer ses outils sa truelle ,son auge, sa bertlet, ses règles en bois à chacune des gâchées et là catastrophe la fameuse bertlet casse.
A cet instant il m’agrippe, je décolle du plancher sans comprendre et me voilà le cul dans l’auge pleine de plâtre en préparation.
Il rentre dans une humeur massacrante et blessante en paroles, aucun mot ne sort de ma bouche.
La journée se passe mal je suis trempé et plein de plâtre de la tète au pied.
Je rentre à la maison la journée s’est bien passé me demande maman !
Bien Maman.
Le père rentre tard à son habitude soit d’une réunion municipale ou du travail. Il ne me demande rien et ne lui dit mot.
Le lendemain je me lève tôt et déjeune rapidement je profite de mon avance pour regarder si je ne trouve pas dans le garage de père  un outil semblable, ma recherche reste vaine, je comprends que cet outil est exclusif à la profession.
Je me promets de lui en acheter un outil avec mes économies.
J’irai à Mantes rue Porte aux Saints chez Tabu le spécialiste de l'outillage.
La journée passe rien ne change nettoyage et approvisionnement ouf! La semaine se termine.
Le lundi suivant, je lui apporte la fameuse bertlet toute neuve il me regarde et la jette dans le seau d’eau sans un mot.
Je sens son regard pesant sur moi, la journée se déroule sans le moindre mot à son habitude.
Je me change vite fait après le travail et là il me dit: Je t’emmène arroser ça et nous voilà partis en vélo en direction de Gargenville, sur la route de Meulan, pas fière le gars tout sourire, je pédale en vélo derrière lui.
Il s’arrête devant un bar et me dit pose ton cycle, nous allons saluer ces dames au « Tout Va Bien ».
Je le regarde sans comprendre son regard devient lumineux je me sens aux anges avec l’impression d’avoir gagné la confiance de Robert.
Je compris plus tard la situation grotesque dont j’étais le fruit.
Il s’installe au bar et commande une bière, la patronne me demande :
Tu veux une limonade mon garçon !
Je lui réponds un "oui"de plaisir.
Qu’elle poitrine des seins splendides, j’étais rouge comme une pivoine.
Elle se mit à rire d’un éclat de chacal.
Robert lui susurre quelques mots dans l’oreille je comprends qu’il se connaisse.
Elle appelle une servante celle-ci apparaît d’une pièce située à l’arrière du bar se pose derrière bar.
Robert se dirige vers la pièce vide et disparaît avec la patronne et ne revint que plus tard.
Je déguste avec plaisir ma limonade.
La femme me dit, quel age as-tu !
Moi tout fier 15 ans Madame.
Tu reviendras plus tard me dit-elle, tu es trop jeune.
Que d’interrogations dans ma tète ?
Enfin Robert apparaît l’air satisfait.
Paie mon gars nous allons partir maintenant.
Je sors de l’argent de ma bourse, elle me le prend me dit :
C’est bon pour cette fois mais n’y revient pas à ce prix.
Ma première paie complète y est passée ce jour-là.
La semaine suivant il se mit à me parler :
Tu veux apprendre le métier gars comme ton Père :
Oui.
Cela te plait :
Oui.
Bien alors je vais faire de toi le meilleur des plâtriers.
Ce jour là il m’expliqua le maniement des outils et le nom.
Il m’apprend à gâcher de plâtre.
Tu vas ne préparer qu’un sac de plâtre dans l’auge et l’employer seul.
Peste-me voilà à l’ouvrage.
4 seaux d’eau et un sac de plâtre.
Doucement mon gars tu vas faire des grumeaux il me prend les mains et m’aide à déverser la plâtre en secouant mes poignets.
Il se pose sur l’échafaudage et se mis à rouler une cigarette de tabac papier mais.
La première fois et la dernière fois que je le vois assis.
Laisse reposer 5 minutes.
Maintenant tu prends le trousse-couilles et tu remue bien pendant longues cinq minutes.
Un drôle d’outils en forme de râteau, environ un mètre cinquante de long avec du fil et du fer galvanisé au bout afin de battre le plâtre.
Plus vite mon gars me cria t-il, trop mou dès que tu vois l’écume en surface tu t'arrête.
Je m’exécute et là je comprends que ma position n’est pas la bonne.
Il me dit écarte les jambes, dépêche-toi le plâtre prend.
Je commence pour la première à suer de mon travail et apprécie cette ivresse m’envahissant.
Ça va mon gars me dit-il d’un air malin.
Tu as compris la bonne position:
Moi oui, mais un peu honteux et rouge de plaisir, je compris enfin le nom donné à l’outil.
Bien maintenant emploie ton plâtre prend mes outils.
Une poêle énorme je prends la plus grande et essaie de jeter le plâtre sur le mur tout tombe par terre.
Continue ne t’arrête pas.
Le plâtre s’épaissit et se solidifie dans l’auge dans l’auge en bois je transpire.
Arrête, tu as compris maintenant, il va te falloir du temps pour apprendre.
Nettoie les outils la prochaine je gâche avec toi.
Là commence ma vie de plâtrier, j’essayais d’aller de plus en plus vite dans mon travail
Lui :
Nous avons fait quatre-vingt mètres aujourd’hui.
Je suis fier de moi mais ma désillusion arriva rapidement.
La paie tombe chaque semaine, je gagne 8 centimes d’euros en tant qu’apprenti.
Et là papa donne à Robert une somme d’argent en espèce en lui disant voilà ta prime de rendement.
Pas un regard envers moi ne fut porté par mes Pères, j’entends encore mon père dire :
Ça va le fils !
Et lui : tu sais, il apprend mais il n’est pas doué ton garçon.
Quelle claque ?
Rentré la maison, je demandai à mon père de me changer d’équipe.
Il ne me pose pas de question et le lundi suivant, me voilà dans une équipe de Maçon.
De vrais Maçons des durs, des alcoolos et là je vais en chier pendant la fin de mon stage de deux années.
Entre deux j’apprends le décès de Testaud mon Maitre... trop bu parait-il...
Après le travail je prends les cours du soir afin d’obtenir un CAP de Maçon que je  réussis du premier coup.

Il  avait un fameux chef Maurice Lorgnette un alcoolique, mais le record était tenu par Gaston Marie le douze trous eh! Oui 12 litres dans la journée de travail et déjà le matin avant le travail et après il écumait les bistros il avait sa dose vers 11hs.
J’ai vu Papa lui couper le lobe de l’oreille...Monsieur nous faisant sa crise d’épilepsie.
Drôle d’ambiance.

Mais le pire le jeune Alain du bled d’à côté tout frais arrivé en même temps que moi comme apprenti poussé par son futur Beau-Père le fameux Maurice qui se faisait appeler Roland allez savoir...
Celui-ci en à fait un alcoolique renommé le pauvre il en est mort à 35ans.

Le jeune que j’étais à cette époque a changé rapidement.
Je deviens rapidement chef d’équipe et conducteur de travaux.
Ma vengeance professionnelle allait pouvoir commencer.
Malheureusement Père tombe malade, sale maladie due à des tortures de guerre.
Il me demande de reprendre le flambeau plutôt que prévu.
Je lui propose de ne pas reprendre ce personnel alcoolique ma seule condition.
Refus de sa part.
Tu dois les accepter tel quel qu’ainsi que le matériel.
J’accepte à contre cœur.
A 18 ans me voilà à la tète d’une entreprise de maçonnerie.
dans l’année qui suivi j’avais viré tout le personnel là fut ma petite vengeance.

Parfois je n'ai rien a faire d'autre alors j'écris...

JP CHEREL

 

1 commentaire:

  1. Bonsoir JPG...

    message je sais non publié mais je me dois de vous écrire que vous êtes génial, qu'importe les critiques et merci de m'avoir permis d'offrir un regard autre......

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